Le Liège a été utilisé de tout temps
Les Egyptiens s’en servaient déjà, notamment comme flotteurs pour la pêche (traces en 2500 avant JC sur des parois de tombeaux), et pour l’obturation des amphores.
Les Grecs utilisaient également le liège pour construire des flotteurs pour les filets de pêche, des sandales, mais également comme bouchage pour des amphores d’huile d’olive et des tonneaux de vin.
Le philosophe grec Théophraste (IV-IIIème siècle avant JC) découvrit qu’après avoir été retiré de l’arbre, le liège s’y développait de nouveau, rapidement et en présentant une meilleure qualité.
Les Romains mentionnent également l’utilisation du liège (bouchage, isolation, …) sur divers récits :
Mécène (1er avant JC)(Livre III – 8 A.) disait : « Ce jour que l‘année nous ramène est un jour de joie.
Le liège que recouvre la poix va être enlevé de cette vieille amphore qui, depuis le Consulat de Tulius, est imprégnée de fumée ». L’agronome Columelle (1er siècle) recommandait l’emploi du liège, mauvais conducteur de chaleur.
Pline l’Ancien (1er siècle) dans son Histoire Naturelle disait : «Le liège est un arbre de faible grandeur : son gland, peu abondant, n’est pas utilisé. On ne se sert que de son écorce qui est très épaisse et qui renaît à mesure qu’on l’enlève. On en a formé des surfaces planes de dix pieds carrés. Elle est souvent employée pour les bouées d’ancre de navires, les filets des pêcheurs, les bondes des tonneaux, et en outre, pour la chaussure d’hiver des femmes ; aussi les Grecs appelaient-ils plaisamment le liège : l’arbre-écorce.»
Dans d’autres récits, il est mentionné l’utilisation du liège comme isolant contre la chaleur pour les ruches, comme composant des ceintures de natation et des souliers. On a découvert à Pompéi des cruches fermées avec du liège.
Dans les Pays Méditerranéens, son usage est connu depuis l’Antiquité, et on s’en servait au Moyen-Age dans la construction des toits des maisons.
Les Arméniens s’en sont servis également pour les besoins de la pêche et de la navigation.
Les Arabes l’ont utilisé pour l’ornementation des ustensiles domestiques.
Les Chinois s’en sont servis pour les chaussures et des objets flottants.
Les Anciens avaient découvert les propriétés physiques et mécaniques uniques au Liège : légèreté, élasticité, imperméabilité, résistance à l’usure et mauvaise conductibilité, qui permettent des applications aussi multiples qu’originales.
Les 3 principales utilisations du liège dans l’histoire sont :
La Chaussure
Son emploi le plus ancien semble avoir été dans la chaussure pour se protéger du froid et de l’humidité, mais les femmes se sont aussi servi du liège au XVIème siècle, en semelles superposées pour paraître plus grandes. Rabelais disait «les bornes de boire estoient quand, la personne beuvant, le liège de ses pantoufles enfloit en haut d‘un demi-pied». Dans le Maître Valet de Scarron joué en 1645, Jodelet dit à Isabelle : «Dites-moi, ma maîtresse, avez-vous bien du liège? Si vous n’en avez point, vous êtes, sur ma foi, D’une fort belle taille, et digne d’être à moi.» L’emploi du liège dans la chaussure s’est poursuivi jusqu’à nos jours avec des périodes plus ou moins fastes suivant les modes ou les besoins (guerre 1939-1945 par exemple).
Le Bouchage
Le bouchon de liège a vu son essor parallèlement à l’utilisation du verre pour la garde et le transport des liquides. C’est au XVème siècle que l’usage des bouteilles de verre se généralisa, lorsque l’art des verriers permirent une fabrication plus économique. Le liège utilisé par les Anciens pour le bouchage avait été oublié (usage confidentiel). Ce sont des droguistes Allemands semble t il, qui au XVIème siècle, redécouvrirent les vertus du liège pour le bouchage. Son emploi se généralisa alors, malgré les procédés primitifs de fabrication. A la fin du règne de Louis XIV, l’industrie du bouchon présentait une certaine importance, car le 24 août 1726, les statuts de corporation des Patenotriers d’os (fabricants de chapelets), des Cornetiers (fabricants d’objets en corne) et des Bouchonniers étaient déposés en 29 articles. L’Encyclopédie de Diderot (2ème moitié du XVIIIème siècle) contient un article sur le métier de Bouchonnier, avec des ouvriers occupés à fabriquer des bouchons au couteau, et une marchande triant des bouchons.
On trouve également trace à Paris à cette époque, d’une corporation de bouchonniers dépendant de celle des Tonneliers. Au début du XVIIIème siècle , une nouvelle ère de gloire s’ouvre pour le liège. En Champagne, prés d’Epernay, un moine bénédictin français dirige l’abbaye de Hautvilliers : c’est Dom Pérignon. En mettant au point le processus de champagnisation, il s’aperçoit que les bondons de bois, enveloppés de feuille de chanvre huilées, utilisées pour fermer les bouteilles, sautent régulièrement. Il remplace alors ces bondons par des morceaux (bouchons) de liège, ce qui améliore les résultats. La légende prétend qu’il eût cette idée en voyant les bouchons de liège que les moines espagnols, qui passaient à l’abbaye, utilisaient pour la fermeture de leurs gourdes. L’utilisation du bouchon en liège pour obturer les bouteilles est née et va se généraliser dans toutes les maisons de vin, car on s’aperçoit qu’il aide en plus à la bonification du vin à la garde. Si les premières fabriques de bouchons sont créées en Espagne en 1760 ; l’art et le métier de bouchonnier sont nés dans le Midi de la France, puis étendus à la Catalogne Sud par émigration. Les ateliers se développèrent aux XVIII et XIXème siècle en France (Var, Puis Roussillon et Sud-Ouest). Au Portugal, le développement commença à partir de la fin du XIXème siècle uniquement. Durant le XIXème siècle, l’industrie du liège garda un caractère artisanal et manuel, et n’évolua que lentement. C’est uniquement au cours du XXème siècle, que le secteur bouchon liège évolua avec des matériels de fabrication plus perfectionnés et une conception plus industrielle.
Les besoins modernes d’embouteillage demandent des caractéristiques dimensionnelles et techniques de plus en plus précises, et le bouchon évolue du conique (permettant de rattraper les écarts des verriers) vers le cylindrique sur des cols de bouteilles de mieux en mieux calibrés. Le poète allemand Friedrich von Schiller (1759-1805) disait : «Quelle vénération ne mérite pas le créateur du monde qui, en créant le liège, inventa aussi sur-le-champ les bouchons.»
L’Isolation
La fabrication de granulés de liège pour l’isolation n’a pris son essor qu’à la fin du XIXème siècle. En effet, l’essor de l’industrie du liège entraîna un problème : la gestion des déchets. On s’efforça d’abord de les brûler ou de les distiller. La carbonisation en vase clos permit d’obtenir une couleur surfine de noir : le noir d’Espagne, qui est vendu aux marchands de couleurs. Des tentatives de production de gaz d’éclairage ont été faites en 1874 à Bordeaux et 1875 à Nérac. Le gaz obtenu était plus éclairant que le gaz de houille et sans émanations malsaines. Cependant il fallut renoncer rapidement car l’approvisionnement en déchet n’était pas suffisant et la gestion des volumes (faible poids, gros volume) était prohibitive. En 1914, le problème devenait ardu. Le débouché était alors la fabrication du linoléum, qui commençait à prendre une importance mondiale. Si la première idée des agglomérés de liège d’isolation (avec agglomérants au brai, à la caséine ou autres) paraît remonter à 1877 ; c’est en 1891 aux USA, que fût découvert par accident dans une fabrique de gilets de sauvetage, l’agglomération naturelle par ses propres résines du liège à la chaleur. Puis c’est en France, en Gascogne, un peu avant la guerre de 1914 que fût créée la première usine d’un type de produit qui a peu à peu remplacé tous les autres types de liège isolants : le liège aggloméré expansé pur (sans agglomérant), dont les caractéristiques techniques sont exceptionnelles pour l’isolation thermique, phonique et anti-vibratoire.